Des panneaux ou des arbres (rédigé début 2010)

22-05-2011 à 12:24:19
L'énergie solaire offre de multiples avantages.

Le projet "Maurice : Île Durable", le plan "Small Independent Power Producers", et, tout simplement, le progrès qui est en marche... vont contribuer à ce que le photovoltaïque se développe aussi (enfin !) sur l’Île.
Ce secteur d'activité devrait connaître ici aussi un essor sans précédent. Une multitude de nouveaux acteurs - parfois sortis la veille d'un tout autre domaine n'ayant strictement rien à voir - attirés par une perspective d’argent facile, se mettront probablement en place avec plus ou moins de professionnalisme et d'éthique. L'étude du cas français est intéressante en la matière.

Les Mauriciens sont concernés par le montant de leur facture d’électricité, mais aussi, de + en +, par les problèmes énergétiques de leur Île (le salon ecobuilding du 18&19 Mars 2010, organisé notamment par Alive2Green, en est un signe fort). Ils souhaitent jouir d’un bon niveau de confort, mais désirent aussi contribuer à la lutte contre les pollutions. Enfin certains... ;-)
Les panneaux photovoltaïques représentent un espoir considérable pour le respect de notre environnement. Leur incroyable pouvoir de transformation de l'énergie solaire en électricité et leur grande fiabilité font de cette technologie une des solutions d'avenir pour répondre à la problématique énergétique de l'Île et à la situation écologique de la planète.
AMORIS, photovoltaïque, gisement solaire, énergie solaire, écologie, environnement, déchets, recyclage
Une course risquée...

Vous l'avez probablement constaté, nous assistons ces dernières années à une course effrénée «au plus gros», «au plus grand», «plus, plus, plus».
Dans le domaine de l’énergie et, en particulier, dans celui de l’électricité photovoltaïque, nous voyons naître des projets qui répondent à ce «besoin» malsain et suivent ce courant «à la mode».
L’idée qui arrive, doucement mais sûrement, sur l'Île est d’installer des hectares de panneaux solaires au sol. Pour justifier de telles constructions, de tels investissements, il ne fallait pas moins que de très "bonnes" raisons : la fameuse rentabilité et... la «sauvegarde» de l’environnement :-)

Mieux vaut sourire que combattre.

Mais rien ne m’empêche d’exprimer un point de vue et de proposer des alternatives constructives. Avant toute chose... nous ne «préservons» ou ne «sauvegardons» pas l’environnement ou la nature mais... c’est l’inverse ! Ou mieux, NOUS SOMMES l'environnement, la Nature...
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Un rapide rappel de fond...

L'énergie photovoltaïque peut se définir comme étant l’utilisation du soleil par des matériaux spéciaux pour produire de l’électricité. Je dois pas vous apprendre grand chose ;-)
L'énergie solaire étant naturelle et a priori inépuisable, il est considéré que l’énergie photovoltaïque est «propre» et «renouvelable».
Un des avantages de cette technologie réside dans le fait que l'électricité produite peut l’être au plus près de son lieu de consommation, de manière décentralisée, directement chez l'utilisateur.
D’une manière générale, nous pouvons admettre qu’une vingtaine de mètres carrés de panneaux photovoltaïques peuvent satisfaire les besoins énergétiques classiques d’une famille de 4 personnes (hors chauffage).
Le Hasard ou/et la Nature ;-) ont bien fait les choses car cette surface représente justement ce qu’une toiture classique peut offrir d’espace !

Revenons en à nos moutons... non, à nos méga-centrales solaires.

Avec le développement de cette technologie - parfois massivement soutenue par différents programmes gouvernementaux (aides financières, fiscalité avantageuse, garantie de rachat des kWh produits, ...) - certains ont souhaité profiter (au sens du mot PROFIT) au maximum et malheureusement au delà des possibilités offertes. Le rendement financier, l’image / publicité / notoriété, la captation d’aides publiques, l'écoulement de stocks, etc. sont autant de vraies raisons qui ont amenées certains industriels ou consortium divers et variés à se lancer dans cette course à la plus grosse centrale photovoltaïque.
Ca s’est vu en Allemagne, Espagne, France et presque partout toute le monde : bientôt sur l’Île Maurice ?

Quelques réflexions en faveur d’une réponse positive...

Ne doutons pas que, parfois, ces projets partent réellement et sincèrement d’un «bon sentiment», d’une envie de bien faire. Rien n’est ni tout bon ni tout mauvais, et ces installations peuvent avoir un sens dans certain cas précis et rares où l’occupation rationnelle des sols n’est pas une question vitale (dans les déserts ou ancienne carrière par exemple).

Voici donc quelques avantages intéressants :
• Le fait que les systèmes soient posés sur le sol permet (en s’affranchissant des contraintes techniques et esthétiques liées au bâtiment ou à l’environnement urbain) d’optimiser de différentes manières la production et donc la rentabilité de l’investissement. Plus nous achetons, moins le prix est élevé : logique actuelle.
• Au sol, possibilité d’utiliser des systèmes de suivi du soleil (« tracking »), qui permettent d’augmenter, à puissance équivalente, la production d’électricité.
• Pas de problème de batterie (coût, installation et pollution) puisque ces grosses centrales sont toutes reliées au réseau (CEB ici).

Et d’autres pour une réponse négative...

Du gaspillage...
Avant d’avancer tout autre argument, le premier qui me vienne et celui du gaspillage qu'entraîne la centralisation des moyens de production. Que ce soit avec des centrales nucléaires, à gaz à, à bagasse, ou autre, la mise en place d’un outil de production massif d’électricité implique forcément des pertes liées importantes, voire colossales.
En France par exemple, les pertes par refroidissement des centrales sont de l’ordre de 900 TWh, soit plus que tout le chauffage de tous les bâtiments et de tous les logements de France ! -> source negawatt
Mais il y aussi :
• des pertes liées au taux de rendement de la «centrale» en question
• des pertes liées à l’acheminement de cette énergie vers les points de consommation
• des pertes liées à la régulation du réseau
• ...
Que souhaitons nous faire de l’énergie que nous produisons ? La voir diluer et perdue au fil des kilomètres de câbles électriques disgracieux ou jouir pleinement du confort qu’elle prodigue au plus proche de nos besoins ?

Un problème de place...
Ces installations sont gourmandes, ou plutôt, voraces en mètre carrés, même si les avancées technologiques des derniers mois vont tendre à augmenter le rendement au mètre carré des panneaux solaires. Ces champs solaires entretiennent et développent le phénomène de pénurie de sol sur la planète. Ce phénomène est d’autant plus «aiguë» sur une île...
D’une manière générale, les sols agricoles sont de plus en plus pauvres et de moins en moins capables d’assurer la production d’aliments. Les produits chimiques qui sont déchargés ne pallient même plus à la disparition progressive de l’humus nutritif disponible naturellement. Mais c’est un autre sujet.
L’idée soulevée est que le sol cultivable est d’une grande valeur et qu’il n’est peut-être pas judicieux de l’utiliser à d’autres fins - si ce n’est celle du repos pour qu’il se régénère.
A Maurice, la question d’occupation des sols prend encore plus de sens et d’importance. A ceux qui répondraient qu'après la durée de vie de la centrale le sol peut être "replanter", je répondrai - je peux chercher des sources si vous voulez - que l'exploitation d'une centrale au sol durant 20 ans ou plus appauvrit le sol durablement ; une culture normale n'y est plus possible pour un bon moment....
Que veut-on faire de notre espace ? Y voir pousser des aliments de qualité, des arbres ou... des panneaux solaires ?


Le bien commun.
En voilà une notion qu’elle est rigolote ;-) le bien commun... Mais qu’est-ce donc, et, quel est le rapport ?
Wikipedia : Le bien commun est un principe philosophique représentant ce qui est accessible à tous, comme par exemple des moyens permettant à chacun d’accroître ses propres connaissances.
Le bien commun est également devenu par extension une notion d'économie, s'appliquant par exemple à l'eau, ou encore à la biodiversité.
Et le soleil ? Un bien commun ?
Du fait notamment des incitations financières précités rapidement plus haut, l’installation de panneaux solaires photovoltaïques est trop souvent considérée comme un support d'investissement. Soit, mais il ne faut cependant pas le limiter à cela.
Une installation photovoltaïque est avant tout - AVANT TOUT - un moyen de production d’électricité. Relativement respectueux de l’environnement, cette technologie vise à satisfaire des besoins d’énergie et non à générer des revenus financiers.
Une méga-centrale photovoltaïque va produire de l’électricité propre, mais, très souvent pour ne pas dire tout le temps, cette installation n’est qu’un outil d’investissement financier. Cet "investissement" ne profite qu’à une poignée de personnes physiques ou morales dont les préoccupations sont peut-être assez éloignées de l’efficience réelle de l’installation, de son impact sur l’environnement et de ce que ça apporte en qualité de vie aux habitants alentours.

En guise de conclusion...

Le Central Electricity Board est à l’origine d’une étude menée par des consultants danois afin de déterminer, entre autre, le prix auquel le kWh pourrait être racheté aux petites et moyennes installations (<50 kWh) photovoltaïques.
Certes, le prix de rachat - “Grid Code” - est déterminant dans l’approche économique d'un projet d'investissement dans le PV (PhotoVoltaïque). Il sera théoriquement communiqué officiellement début 2010 d'après l'express.mu ;-)
Plus ce tarif de rachat sera élevé, plus les producteurs pourront valoriser leur production électrique et ainsi arriver à un temps de retour sur investissement inférieur. Mais, plus il sera élevé, plus le PV sera perçu comme un support d'investissement financier... avec son lots de dérives possibles (notamment l'émergence d’acteurs plus ou moins expérimentés et honnêtes).

Ce facteur purement économique - certes intéressant - n'est pas le seul à prendre en considération. Un autre des atouts du photovoltaïque c'est la possibilité qu'il offre d'individualiser, de manière relativement simple, les moyens de productions. Un bâtiment = une source de production d'électricité verte ! Décentraliser les moyens de production d’électricité pour responsabiliser, pour ne plus gaspiller (dans le transport de l'énergie notamment), pour "autonomiser" les foyers, pour alimenter des sites isolés, ... En injectant leurs productions d'électricité propre sur le réseau, les SIPP s'affranchissent du problème des batteries et contribuent "au bien commun". Evidemment, le CEB ou un autre fournisseur peut proposer un rachat un peu plus élevé que le cours moyen du KWh afin de catalyser la filière.
Proposer une connexion plus directe à la source d’énergie que nous consommons pourra favoriser notre prise de conscience de l'impact qu'ont nos actions (passer l'aspirateur au lieu du balai par exemple ;-) sur notre environnement. Cet aspect là aussi doit être pris en considération.

Le photovoltaïque n'est pas un produit financier (ou pas seulement...). Si l'approche du gouvernement mauricien, des professionnels de la filière naissante et des mauriciens n'occultent pas ceci, le photovoltaïque sur l'île sera un vrai bonheur et peut dors et déjà être «rentable» ("viable") au sens noble du terme.

Prions pour qu'il en soit ainsi. J'ai confiance.

Merci d'avoir pris le temps de lire ce long article, recevez mes meilleures salutations,

Jérémie ROULLET
Directeur Général
AMORIS Environnement Ltd.

PS : Si je peux me permettre, les journalistes ont aussi un rôle et une responsabilité dans le lancement à Maurice de cette filière. Ne pas chercher le "sensationnel" mais le "pédagogique". En effet, le public mauricien - en général et sans aucun jugement négatif - n'est pas du tout informé de ce qu'est la technologie photovoltaïque. Il sera donc plus facile pour des entreprises commerciales de vendre des produits ne répondant pas forcément aux attentes des consommateurs... Un peu comme si vous vendiez un PC portable à une vieille mamie... Il y de grande chance pour qu'elle ne fasse pas la différence entre un disque dur de 500 Go à 7200 tours ou 5400 tours, une barrette mémoire de 512 Mo en SDR ou en DDR, etc. Un panneau solaire, c'est pareil !!!! Il y a un risque important à considérer. La presse à un devoir d'information.
AMORIS, photovoltaïque, gisement solaire, énergie solaire, écologie, environnement, déchets, recyclage
24-05-2011 à 14:09:09
Sacré pavé... intéressant en tout k.
Ca ne va pas trop dans le sens du projet de 10 méga...
http://www.lematinal.com/economie/11538-Une-centrale-photo-voltaque-de-10-MW-proposee-au-prive.html